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CÉCYDOMIES ET OSCINES

d’un fil qu’elles bavent, et s’enfouissent dans le sol pour se métamorphoser.

Jules. — Ces mangeurs de fleurs de froment, ces petits vers rouges ne doivent pas faire des dégâts considérables. On les voit tout juste, tant ils sont petits. Que peuvent-ils détruire ? Peut-être quelques poignées de grain.

Paul. — Méfiez-vous des petits ennemis. Ce sont les plus à craindre, à cause de leur nombre et de la difficulté de s’en délivrer. Pour la seconde fois, je saisis l’occasion de vous le dire. S’il vous faut des exemples, en voici un capable de vous convaincre. En 1846, la cécydomie détruisit en Belgique deux millions et plus d’hectolitres de froment. Pour alimenter le vermisseau rouge, grassement repu avec le quart peut-être de l’une des nombreuses fleurs de l’épi, il s’était perdu quarante millions de francs de blé. Combien étaient-ils, ces terribles convives qui, petite bouchée par petite bouchée, faisaient élever leur écot à ce chiffre énorme ? L’imagination recule devant le dénombrement.

Jules. — Et toutes les années c’est ainsi ?

Paul. — Dieu nous en préserve ! D’habitude la cécydomie ne fait guère parler d’elle ; ses dégâts sont de peu de valeur, parce que diverses causes s’opposent à l’effrayante multiplication de l’insecte.

Un petit ichneumon, en particulier, est expressément créé et mis au monde pour exterminer la race du redoutable moucheron. Que je vous montre ce précieux défenseur du froment. Il ne paye pas de mine, je vous en avertis, il est tout petit ; mais il ne faut pas juger des insectes sur les apparences, non