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LES RAVAGEURS

inférieures sont brunes. Lorsque les fruits commencent à nouer, la pyrale dépose un œuf dans l’œil de la poire ou de la pomme indifféremment. Le petit ver qui en provient, à peine de la grosseur d’un crin, s’introduit dans le fruit et se loge au voisinage des pépins. L’étroit canal par lequel il est entré se cicatrise, de sorte que le fruit véreux paraît intact quelque temps. Cependant la chenille grossit, au sein de l’abondance ; il lui faut une galerie communiquant avec le dehors pour l’arrivée de l’air et pour l’assainissement de l’habitation encombrée de débris et d’ordures. Le ver creuse donc un couloir à travers l’épaisseur de la poire jusqu’à la surface du fruit, où le canal se termine par une ouverture ronde. Par cette ouverture, la chenille reçoit de l’air et rejette de temps à autre, sous forme de vermoulure rougeâtre, la pulpe mâchée et digérée. La transparence de la peau fait que la chenille varie de couleur suivant la teinte de ce qu’elle a mangé. Elle est parfois blanche, parfois brune ou jaunâtre, parfois rosée. Elle est ornée de petits tubercules noirs, disposés deux par deux. La tête et le premier anneau du corps sont bruns.

Les poires et les pommes habitées par le ver continuent de grossir ; elles mûrissent même plus tôt que les autres, mais c’est une maturité maladive qui hâte la chute du fruit. En général, la chenille des fruits véreux tombés à terre a toute sa grosseur ; elle quitte donc son domicile par la voie de la galerie déjà creusée et se retire dans un pli de l’écorce de l’arbre, quelquefois sous terre, pour se construire une coque de soie mêlée de parcelles de bois ou de