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LES RAVAGEURS

et les écrasent pour détruire les chenilles qu’ils renferment. C’est autant d’ennemis de moins pour l’année suivante. Mais, encore une fois, par nos seules forces, jamais nous ne pourrions nous défendre contre les pyrales et autres petits papillons dont les larves s’attaquent à peu près à tout. Heureusement l’hirondelle les gobe en volant, les chauves-souris leur font au crépuscule une chasse assidue, le petit lézard gris les happe sur l’écorce des arbres ; ce sont autant d’amis qui défendent nos jardins.

Jules. — Les papillons que vous appelez pyrales sont-ils nombreux ?

Paul. — Il y en a une foule d’espèces, et chaque espèce est représentée par des légions incalculables d’individus. Quelques pyrales s’attaquent aux fruits ; je viens de vous faire connaître les principales. Les autres ont des mœurs différentes, dont je vous parlerai demain. Toutes sont des papillons de petite taille, parfois de coloration très élégante. Leurs antennes sont fines ; les ailes, arrondies aux épaules, s’élargissent en manière de chape, et sont rapprochées en forme de toit pendant le repos, c’est-à-dire s’inclinent de droite et de gauche. Leurs chenilles ont la peau lisse et luisante. Elles reculent vivement quand on les inquiète et se laissent tomber en amortissant la chute au moyen d’un fil qui les tient suspendues par la lèvre.

Émile. — C’est un ingénieux moyen. La chenille se croit-elle en danger ? Vite, elle colle le bout de fil quelque part, et la voilà qui descend tout doucement à mesure que le fil sort de la filière.

Jules. — Ce matin, mère Ambroisine triait des