Page:Les Ravageurs, Jean-Henri Fabre.djvu/317

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

L

LA COURTILIÈRE

Depuis quelques jours, l’oncle Paul avait disposé dans le carré des laitues deux grands pots à demi pleins d’eau et enterrés à fleur du sol. C’était, disait-il, un piège pour les courtilières, insectes de grande taille dont il soupçonnait la présence dans le jardin, sur l’indice de quelques salades flétries. Un matin, en visitant les pots, Émile y trouva trois courtilières noyées. À la veillée, l’oncle raconta leur histoire.

Paul. — L’insecte qu’Émile a trouvé pris au piège s’appelle courtilière, d’un vieux mot français, courtil, hors d’usage maintenant, signifiant jardin. La courtilière est, en effet, un ravageur assidu des jardins. On l’appelle encore taupe-grillon, mot qui fait allusion à certaines ressemblances de l’insecte d’une part avec la taupe, d’autre part avec le grillon. Il a du grillon les fines et longues antennes, les deux filaments flexibles placés au bout du ventre, les ailes rudes pouvant frotter l’une contre l’autre pour produire une espèce de chant.

Émile. — C’est donc avec les ailes que chantent les grillons ?

Paul. — Oui, mon ami. Le grillon, pour chanter,