Page:Les Ravageurs, Jean-Henri Fabre.djvu/67

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
55
LES SCOLYTES

Eh bien, c’est dans l’écorce, dans la sève visqueuse, au contact du bois jeune, que s’établissent les scolytes, jamais ailleurs. Que deviendrions-nous, hélas ! si des myriades de mangeurs envahissaient nos veines et se nourrissaient de notre sang ! Fatalement nous péririons sans remède possible, comme périt l’orme dont la couche tendre, abreuvée de sève, est labourée par les scolytes. Voyons à l’œuvre le terrible scarabée.

En mai, la femelle, armée de solides mandibules, s’enfouit dans l’écorce ; puis, arrivée au bois, elle change brusquement de direction et creuse une galerie cylindrique de la grosseur de son corps. C’est le canal que vous voyez ici au milieu des nombreuses ramifications qui en partent. À mesure que le travail avance, elle pratique à droite et à gauche du couloir, à des distances égales, de petites entailles dans chacune desquelles elle dépose un œuf. La ponte achevée, elle sort à reculons par le trou qui lui a servi d’entrée. Et c’est fini, le vivre et le couvert sont assurés à la famille du scolyte.

Les œufs éclosent peu de jours après. Les jeunes larves se mettent à ronger, toujours entre le bois et l’écorce, et en s’éloignant peu à peu de la galerie centrale où elles sont nées. Chacune se creuse ainsi une galerie, d’abord très étroite, tout juste suffisante au passage du petit vermisseau, puis de plus en plus large à mesure que la larve grandit.

Jules. — Voilà pourquoi les galeries latérales vont en s’élargissant à mesure qu’elles s’éloignent du canal percé par la mère ?

Paul. — Précisément. Remarquez, mes enfants,