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L’ALUCITE ET LA TEIGNE DES CÉRÉALES

innombrables du tas de blé ravagé ; une extrême surveillance peut seule prévenir ce malheur. De temps à autre, il convient de soumettre le blé à l’épreuve. On en jette une poignée dans de l’eau. S’il y a des grains attaqués, ils surnagent, parce qu’ils sont plus légers. On les ouvre, et d’après la forme de la larve, on juge si l’ennemi est l’alucite ou le charançon. Du reste, le remède est le même : on soumet le blé aux vapeurs du sulfure de carbone dans des tonneaux. Tout périt, œufs, chenilles, chrysalides, papillons, et le mal est arrêté net. Quelquefois on expose le grain à la chaleur d’un four pour tuer la vermine qui le ronge, mais il ne faut pas que la température soit trop forte, sinon le blé serait gâté. On peut encore remplir à demi un tonneau de blé et brûler dans la partie vide une mèche soufrée. On bouche alors la bonde et l’on remue. Le soufre, en brûlant, produit une vapeur suffocante, qui nous fait tousser quand nous respirons la fumée d’une allumette. Cette vapeur se nomme gaz sulfureux. Je n’ai pas besoin de vous dire que le gaz sulfureux, qui nous fait tousser des quarts d’heure durant et nous étoufferait si l’on en respirait trop, tue promptement l’alucite et ses larves. Je lui préfère cependant le sulfure de carbone, le plus actif des exterminateurs des insectes, et qui de plus ne nuit jamais au blé, ce que pourrait faire la vapeur du soufre par un contact trop prolongé.

C’est dans les champs, alors que le blé près d’être mûr est encore sur pied, que l’alucite fait sa ponte. À la base de chaque grain, elle dépose un œuf, et c’en est fait : si des précautions ne sont prises, l’alucite