Page:Les Soirées de Médan.djvu/148

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« Monsieur est, en effet, assez malade, dit le médecin, pour avoir droit à deux mois de repos ; si mes collègues et si le général partagent ma manière de voir, votre protégé pourra, sous peu de jours, retourner à Paris.

— C’est bien, réplique M. de Fréchêde ; je vous remercie, docteur ; je parlerai ce soir même au général. »

Nous sommes dans la rue, je pousse un soupir de soulagement, je serre la main de l’excellent homme qui veut bien s’intéresser à moi, je cours à la recherche de Francis. Nous n’avons que bien juste le temps de rentrer, nous arrivons à la grille de l’hôpital ; Francis sonne, je salue la sœur. Elle m’arrête :

« Ne m’avez-vous pas dit, ce matin, que vous alliez à l’Intendance ?

— Mais certainement, ma sœur.

— Eh bien ! le général sort d’ici. Allez voir le directeur et la sœur Angèle, ils vous attendent ; vous leur expliquerez, sans doute, le but de vos visites à l’Intendance. »

Nous remontons, tout penauds, l’escalier du dortoir. Sœur Angèle est là qui m’attend et qui me dit :

« Jamais je n’aurais cru pareille chose ; vous avez couru par toute la ville, hier et aujourd’hui, et Dieu sait la vie que vous avez menée !

— Oh ! par exemple, » m’écriai-je.

Elle me regarda si fixement que je ne soufflai plus mot.

— Toujours est-il, poursuivit-elle, que le général vous a rencontré aujourd’hui même sur la Grand’-Place. J’ai nié que vous fussiez sortis, et je vous ai cherchés par tout l’hôpital. Le général avait raison,