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chercher des pipes sur la cheminée, et s’assirent autour du poêle où l’un d’eux mit deux grosses bûches sans gêne qui firent rouler de gros yeux à la bonne ménagère. Elle allait sans doute faire des observations sur ceux qui ne ménagent pas le bien d’autrui, lorsque M. Bonsens entra en secouant vigoureusement ses bottes couvertes de boue. Il est tout en sueur. Ses habits sont mouillés. Il a les mains terreuses, le visage rouge.

Jacqueline. — Eh ! mon Dieu ! d’où viens tu comme ça, à ces heures, et par une noirceur pareille ? Où t’es-tu équipé de cette manière ? As-tu laissé tomber le seau dans le puits et as-tu descendu après ? Le cochon s’est-il encore pris dans la clôture ? La vache s’est-elle envasée sur la grève ? Ta pouliche s’est-elle échappée dans le guéret ? Carillon t’a-t-il rué ? As-tu roulé dans la décharge du ruisseau ? Enfin parle, mais parle donc ?

Bonsens. — Eh ! ma bonne vieille Jacqueline…

Jacqueline, l’interrompant. — Vieille. Vieille, pas si vieille déjà, puisque je suis du lendemain du jour de l’an, et toi de la veille de Noël de la même année ! mais parle donc. Que t’est-il arrivé ?

Bonsens. — Eh ! ma bonne sœur, comment veux-tu que je parle si tu ne m’en