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NOTE DE L’ÉDITEUR.


Je demeure à la campagne, beaucoup par goût et plus encore par économie. J’ai pour voisin un brave homme que je n’ai pu connaître et apprécier que récemment, et seulement après une assez longue fréquentation, préjugé que je fus pendant longtemps par les rapports des autres habitants du village, qui, lorsque je faisais quelques questions à son sujet, me le représentaient bien, en somme, comme un bon citoyen, mais en ajoutant toujours, par forme de correctif, que le bonhomme était un peu toqué ; attendu qu’il ne pensait pas comme tout le monde sur les sujets ordinaires ; qu’il avait, en politique, des idées à lui ; qu’il n’était décidément d’aucun parti, et critiquait assez vertement la conduite des hommes publics, quelle que fût leur couleur.

Je fis facilement sa connaissance ; car, « que faire en un village à moins que l’on y cause » et mon voisin est un grand causeur. Dès qu’il rencontre des questionneurs, des interlocuteurs, des auditeurs, il exprime sans gêne ses vues sur tout