Page:Les Veillées du Père Bonsens - Premier entretien (vol 1 et 2), 1865.pdf/39

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

qu’un exemple comme ça fasse grand bien. On s’habitue bien plus vite à ces choses-là, et elles font plus d’effet quand on y pense que quand on les voit. Voyons, petit Toine, as-tu eu bien peur de tout ça ?

Petit Toine. — Oh non, monsieur Bonsens. D’abord il y avait tant de monde qui me poussait, qui m’écrasait, qui me marchait sur les pieds, que je ne pouvais pas voir grand’chose. Mais papa m’a pris sur ses épaules et j’ai tout vu. Ce qu’il y avait de plus terrible, c’est quand on a entendu la cloche de la prison. Mais après ça, c’était bien beau. Les prêtres et puis les bonne religieuses… Mais Barreau, c’est un homme comme un autre. Quand il a tombé, il n’a pas fait un cri. En revenant, nous avons arrêté chez Jérémie du chemin de Chambly. Son petit garçon pleurait, parceque son père n’avait pas voulu le laisser aller voir l’exécution ; alors je suis allé dans la grange, et pour lui montrer comme ça se faisait, j’ai pendu un chat. Mais il a gigoté, c’est terrible.

Bonsens. — Et avant cela, petit Toine, avais-tu pendu un chat ?