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Bonsens. — Ce que tu dis-là, Quenoche mon ami, n’est pas bête du tout. Je vais tâcher de te faire comprendre la chose comme je la comprends moi-même, et cela tout simplement en te disant ce que l’on faisait il n’y a pas encore bien longtemps. Quand un homme était accusé d’un crime, on le mettait à la torture pour le lui faire avouer. Cela s’est fait en France il n’y a pas plus de cent ans.

Jean-Claude. — Et que lui faisait-on pour cela ? Je suppose qu’on lui demandait toutes sortes de choses pour l’embarrasser, pour l’entortiller, et qu’on appelait ça le torturer de questions ?

Bonsens. — Oh ! ce n’était pas si doux que cela. Tu vas voir. On emmenait l’accusé dans une cave noire et profonde où il y avait des crochets, des cordes, des poulies, des marteaux, des forges pour faire rougir des pinces, pour faire fondre du plomb.

François. — Et pourquoi faire, toutes ces mécaniques-là ?

Bonsens. — Attends un peu. Il y avait une table où s’asseyaient un greffier et plusieurs juges, tous gens qui, sans doute, étaient persuadés, que ce qu’ils allaient faire était parfaitement juste, puisqu’ils étaient officier de justice. Ils demandaient à l’accusé d’une manière so-