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qu’il sortira avec ses sorts et que tu ne le verras plus. Tu pourras donner le superflu de ton pain à quelque vieillard infirme, à quelque pauvre père de famille trop timide pour quêter. C’est le meilleur moyen que je connaisse de chasser les sorts, et de punir les mauvais pauvres. Les idées sur la justice sont tellement changées aujourd’hui, que loin de torturer les criminels pour leur tirer des aveux, on ne leur fait plus même de question sans les prévenir auparavant qu’ils ne sont pas obligés d’y répondre. Il en sera donc peut-être de même pour la peine de mort. On a fait jadis le procès d’un cochon qui avait dévoré un enfant, et il a été brûlé en place publique. Qui voudrait faire pareille chose de nos jours ?

Quenoche. — C’est-il possible que nos grands grand pères étaient si cruels et si fous que cela ? Je croyais, moi, que le monde devenait plus méchant de jour en jour.

Bonsens. — Il y en a qui le disent ; mais ceux là n’ont pas examiné comme il faut les choses. La lumière, le travail, la liberté, l’aisance rendent les hommes meilleurs. Je vous le prouverai quelque jour.

Androche. — Vous pourriez bien avoir raison ; mais à propos, à Montréal, on