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LES AUGUSTINS RÉFORMÉS

Forest, au prix de trois mille neuf cents livres tournois, l’emplacement de leur couvent.

Les commencements furent très laborieux ; bien que vivant dans une rigoureuse pauvreté, les religieux n’avaient ni biens-fonds, ni capitaux, ni rentes, pour subvenir aux frais d’acquisition ou d’installation. Ils s’adressèrent fréquemment au Consulat, et le Consulat, toujours bienveillant, leur donna fréquemment des secours. Mais ces secours eux-mêmes étaient insuffisants, paraît-il. Dans ces conjonctures extrêmes, et croyant être autorisés par l’exemple d’autres religieux qui quêtaient dans la ville, malgré leurs promesses premières, les Augustins réformés se mirent à quêter eux-mêmes.

Or, le Consulat tenait essentiellement à ce que les aumônes fussent réunies et concentrées au profit de l’Aumône générale et de l’Hôtel-Dieu. En parlant des Cordeliers, nous verrons comment l’Aumône générale fut fondée, mais sachons dès maintenant que des troncs étaient placés dans toutes les églises, dans les établissements publics, chez plusieurs négociants ; on sollicitait les souscriptions des habitants, et tous les mois, des commissaires préposés à cet effet les recueillaient dans chaque quartier. Tolérer des quêtes pour d’autres œuvres, o»était diminuer les ressources. Aussi les administrateurs de l’Aumône générale et les recteurs de l’Hôtel-Dieu adressèrent-ils une plainte au Consulat en dénonçant nominativement les contrevenants : c’étaient les Carmes déchaussés, les Feuillants, les Augustins réformés de la Croix-Rousse et les Picpus de la Guillotière.

Nos religieux durent renoncer à la quête, c’était la ruine de cette fondation pour laquelle on avait déjà dépensé tant d’efforts et de sacrifices. N’ayant plus qu’à se retirer, par conséquent n’ayant rien à perdre, ils adressèrent au Consulat, quelque temps après, une dernière et pressante requête. Cette fois, le Consulat, après avoir soumis la demande aux administrateurs de l’Aumône générale et aux recteurs de l’Hôtel-Dieu, fut ému de la détresse des Pères et leur accorda l’autorisation de mendier, ce à la charge et condition qu’ils