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LES BÉNÉDICTINES

était alors évêque de Lyon. Il dota ce monastère avec une telle magnificence qu’il en fut considéré comme le second fondateur. « Il ne se borna pas, dit M. l’abbé Condamin, qui a fait sur saint Ennemond une intéressante étude, à relever les bâtiments détériorés, à les agrandir et à leur donner ce cachet de nouveauté qui permit, un siècle et demi plus tard, à Leydrade d’appeler Ennemond fondateur du monastère ; il s’occupa aussi de l’avenir, et, pour mettre les religieuses à l’abri de toute éventualité pénible, il leur, donna à perpétuité les bénéfices, dîmes et perceptions de toute nature appartenant à l’église de Ceyzérieu, tous les revenus qu’il tirait de la Tour-du-Pin, et une directe sur plusieurs paroisses, bourgs et villas. » On sait comment finit saint Ennemond : Ebroïn, maire du palais, redoutant son influence sur le roi, le fit assassiner à Chalon, quand il était en route pour se rendre à Paris, où Ebroïn l’avait fait appeler pour rendre compte de sa conduite. Son corps, exposé sur un bateau et abandonné sur la Saône, vint seul jusqu’à Lyon, ce Toutes les cloches sonnèrent sur son passage, » disent les chroniques du temps. Or, saint Ennemond avait deux sœurs religieuses au couvent de Saint-Pierre, Luce et Pétronille. Elles vinrent au bord de la Saône, et prièrent leur frère de s’arrêter ; le bateau s’arrêta. Je me reprocherais de ne pas citer ici une jolie réflexion de Pernetti : « Il est aisé, dit-il, de voir que c’est là une histoire forgée dans ces temps d’ignorance, où l’on ne croyait pas à la sainteté sans prodiges ; on en inventait quand on n’en voyait point. » Quoi qu’il en soit, les religieuses de Saint-Pierre reçurent la dépouille mortelle du saint évêque, leur bienfaiteur, et l’inhumèrent dans la chapelle de leur couvent. Tous les seigneurs de la famille d’Ennemond y voulurent aussi avoir leur sépulture.

Au huitième siècle, lorsque Eudes, duc d’Aquitaine, appela à lui les Maures d’Espagne, les Sarrasins se jetèrent sur les provinces méridionales, et Lyon fut saccagé ; le monastère de Saint-Pierre fut livré au pillage et détruit. L’archevêque Leydrade le releva presque entièrement, c’est lui-même qui nous