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LES BÉNÉDICTINES

Pierre en a donné des reliques à l’église de Saint-Nizier pour être jointes au corps de son frère Delphin, dont on n’a jamais disputé la sépulture à Saint-Nizier ; ces reliques ont donné lieu de croire que saint Ennemond y avait aussi été enterré ; que cette dernière opinion avait été fortifiée par l’usage où l’on était d’enterrer les archevêques dans leur cathédrale, qui était alors Saint-Nizier, usage auquel il était tout simple qu’on eût dérogé pour saint Ennemond, qui avait fait tant de bien à l’abbaye de Saint-Pierre.

Avant de poursuivre notre récit, essayons de nous rendre compte de la vie intime du monastère. Les religieuses étaient habituellement au nombre de trente-deux, non compris l’abbesse. Elles devaient, avons-nous dit, faire preuve d’ancienne noblesse, quatre degrés du côté paternel et autant du côté maternel. Il y avait toujours un grand nombre de novices ; on en recevait à dix ans, à huit ans, même à quatre ans. Ces enfants prenaient provisoirement le voile et attendaient l’âge requis pour faire profession.

L’abbesse était une autorité souveraine et toute-puissante ; elle modifiait la règle à son gré, ajoutait ou retranchait à ses prescriptions et soumettait à sa volonté l’observation de la discipline. Elle possédait tous les droits curiaux, le vicaire de Saint-Saturnin était à sa nomination, et elle prélevait des rétributions sur chaque sépulture de la paroisse. Elle visitait chaque année les prieurés, et là elle était maîtresse absolue ; d’elle encore relevaient les décisions à prendre pour les restaurations ou les constructions d’immeubles ; elle veillait au matériel du couvent et avait la surintendance de la sacristie. Elle avait un sceau, celui de Rolinde a été conservé. Autour du nom on lit les deux mots Ave Maria, accompagnés d’une étoile et d’un croissant.

Quand une abbesse mourait, on lui faisait de pompeuses obsèques, suivant un cérémonial déterminé, et l’on ne tardait pas à procéder à l’élection d’une nouvelle abbesse. Toutes les prieures ou religieuses absentes de Saint-Pierre devaient se rendre au monastère. Le premier soin de la prieure claustrale était de nommer trois scrutatrices, choisies parmi les plus sages des reli-