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LES BÉNÉDICTINES

puis à chanter ce qu’elles voulaient de l’office canonial. Quant au reste, elles avaient pleine et entière liberté pour les rapports du dedans et les relations du dehors.

Il y avait, comme on le voit, beaucoup à refaire. Les deux mesures les plus difficiles à prendre et à faire réussir étaient sans contredit la vie commune et la clôture. Mme de Quibly se mit à l’œuvre aussitôt : elle parvint à réunir autour d’elle toutes ses religieuses et sut leur inspirer une telle confiance que toutes signèrent l’établissement de la communauté : c’était le 6 août 1623. L’affaire de la clôture fut plus mouvementée, certaines religieuses opposèrent une vive résistance ; l’une d’elles même voulut se venger de l’abbesse et forma le dessein de la brûler toute vive ; cette infortunée se rendit par la suite à Genève, où elle fit, en plein consistoire, une double apostasie. Mais la clôture finit par être imposée ; dès lors la régularité conventuelle ne fut plus mise en question, et Mme de Quibly couronna toute cette œuvre de réformation en rédigeant un corps de Constitutions et un Directoire remplis de sagesse. Dans tout ce travail de rénovation, l’abbesse fut puissamment aidée parle P. Henri Alby, jésuite.

En même temps cette digne femme procéda à la restauration matérielle de la Déserte. En peu d’années, elle refit l’église, bâtit la maison de l’aumônier, les deux sacristies, les deux chœurs et tout le monastère ; établit la communauté et la pourvut de tout ; déterra heureusement la plupart des anciens titres de l’abbaye, rentra dans les biens qui avaient été usurpés pendant les troubles de la Réforme, en rétablit les droits, en répara les brèches, et parvint à y loger commodément quatre-vingts religieuses, qui étaient entretenues avec les rentes assurées de la maison. C’était une vraie résurrection.

Mme de Quibly fut honorée de la plus noble et de la plus sainte amitié, celle de saint François de Sales, le doux évêque de Genève, et ce fait seul, mieux que tout ce que je pourrais dire, doit donner une idée du mérite éminent de la jeune abbesse. Elle n’avait que vingt-neuf ans quand elle eut cette faveur, et saint François de Sales rencontra en elle de si rares dispositions pour tout ce que la grâce a