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LES ANCIENS COUVENTS DE LYON

de Lyon du 25 septembre 1805 jusqu’au 27 août 1812. L’ancien clos des religieuses eut une destination nouvelle : il devint l’ancien Jardin des Plantes, créé par un arrêté du représentant du peuple Poullain-Grandpré, en date de l’an V. Jean-Marie Morel, Lyonnais, le grand jardinier du prince de Conti et l’émule, disait-on, de Le Nôtre, dressa, en 1804, le plan des différents travaux qu’on y dut exécuter. C’est son souvenir qu’on a voulu conserver, en donnant son nom à la petite place, qui est dans le voisinage, en haut de la montée des Carmélites. L’impératrice Joséphine donna son nom à ce jardin. Mais il a cessé d’exister lorsqu’on établit un jardin botanique au parc de la Tête-d’Or. Aujourd’hui on a percé à travers le clos la rue du Jardin des Plantes, qui unit la rue Terme à la rue de l’Annonciade, et l’on a prolongé la rue du Commerce, qui autrefois aboutissait à la Grand’Côte, jusqu’à la montée des Carmélites ; le reste est devenu un square qui ne manque pas de grâce. Le petit bâtiment qui sert à loger la justice de paix et la mairie du premier arrondissement faisait partie de l’abbaye. L’autre maison symétrique n’a été construite qu’au moment où l’on ouvrit l’entrée du Jardin des Plantes.

À l’entrée du jardin, on avait placé le buste de l’abbé Rosier, qu’on a surnommé le Columelle français ; comme nous le retrouverons plus tard, je n’en parle pas ici. Mais ne quittons pas cette place sans donner un coup d’œil et un souvenir à Jacquart, ce Lyonnais de génie, qui n’eut guère que des persécutions à subir pendant sa vie et qui, après sa mort, n’obtint que peu de gloire. Il naquit à Lyon, en 1752, d’un père, ouvrier à la grande-tire, et d’une mère, liseuse de dessins. Lui-même connut, dès ses plus tendres années, les souffrances du tireur de lacs. Entre temps il inventa une machine pour confectionner des filets, ce qui lui valut la faveur de Carnot et du premier consul. En 1804, revenu de Paris à Lyon, il poursuivit son idée première. Il parvint enfin à monter un métier de sa façon, et la ville lui acheta son privilège moyennant une rente viagère de trois mille francs. Jacquart aurait pu s’enrichir, mais rien n’égalait son désintéressement. L’Angleterre lui fit les offres les plus avantageuses, il les repoussa avec fermeté. Il fut nommé chevalier de la