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LES ANCIENS COUVENTS DE LYON

et l’abbaye de Valbenoîte saccagée et détruite. Le monastère de Chazeaux reçut aussi la visite de ces bandes sanguinaires et fut mis à sac ; les chapelains furent pendus, les religieuses insultées et dispersées, le monastère ne fut plus qu’une grande ruine : Cœnobium Casalium patuit ruinæe magnæ, dit un vieux manuscrit. Mais cette dévastationeut une fin, et Antoinette de Rochebaron, prieure de Chazeaux, rallia après l’orage les brebis dispersées, et reprit les exercices de la vie religieuse, dans les ruines du monastère à peine réparées.

Ce désastre avait amené, non pas la pauvreté, mais la misère la plus profonde. Il avait fallu engager les revenus de plusieurs années, afin de pourvoir d’urgence aux réparations indispensables, et reconstituer le mobilier de la chapelle et des appartements conventuels. Les charges du monastère étaient si lourdes que, pendant de longues années, il n’eut pas à sa disposition la moindre somme disponible. En voici une preuve intéressante (1587) : Henri III avait reçu de Sixte-Quint l’autorisation de lever un impôt extraordinaire sur le temporel du clergé de France. Le chiffre total de cette aliénation montait à cinquante mille écus d’or. La part du clergé de Lyon s’élevait à quarante-huit mille livres, et dans cette répartition l’abbaye de Chazeaux devait fournir cent soixante francs. Cette modeste somme, l’abbaye ne l’avait pas, et pour se la procurer, elle fut obligée de vendre quelques cens et servis sur certains fonds de leur terrier, situés au village de la Mette.

Cette gêne pénible, au. lieu de développer la vertu des religieuses, les fit murmurer, et le laisser-aller, un instant banni par une ferveur sincère, apparut de nouveau. Mais une femme prédestinée allait le combattre, c’était Gilberte-Françoise d’Amanzé de Chauffailles, qui, simple religieuse en l’abbaye de Saint-Pierre de Lyon, venait d’être nommée prieure de Chazeaux, en 1618.

Cette femme intelligente comprit qu’il était indispensable d’éloigner sa communauté des lieux où de déplorables traditions paralyseraient ses efforts, et de la transférer sous le regard même des supérieurs, pour qu’il lui fût permis, grâce à leur autorité immédiate, de maintenir la discipline dans toute sa rigueur. Elle fixa son