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LES ANCIENS COUVENTS DE LYON

par icelle, il était aussi bien dû que le reste ; que les dames ne pouvant plus prendre leur chauffage in specie, en nature, il fallait qu’il leur fût baillé per æquipollens, par équivalent ; qu’en transférant leur monastère, elles auraient fait leur condition moindre, contre l’intention des dames et du fondateur.

Le seigneur de Cornillon disait au contraire qu’il ne fallait pas confondre les autres droits avec le droit de chauffage ; que les autres droits étaient certains et acquis, mais que celui-ci n’était qu’un simple usage ; qu’il était personnel et non réel ; que comme un particulier qui aurait semblable droit, venant à s’absenter et quitter le bien, ne pourrait pas le remettre, il en fallait dire autant des dames ; qu’il n’avait pu se faire préjudice et s’obliger à une redevance certaine et fâcheuse, au lieu de bois superflu ou peu nécessaire que prenaient les dames ; que l’usagier uti potest, frui non potest, qu’il peut faire habiter la maison à d’autres, pourvu que ce soit avec lui, mais que s’il quitte la maison, il perd son droit (Henrys, tome Ier, 813-814).

Ainsi était posée la question, et le point de droit qu’elle soulevait n’était pas si clair qu’il ralliât tous les esprits dans une opinion commune. L’affaire fut soumise aux tribunaux.

Après mûre délibération, le 17 décembre 1629, le bailli du Forez prononça une sentence, en vertu de laquelle les religieuses de Chazeaux furent déboutées de leur demande et des indemnités qu’elles réclamaient, et le seigneur de Cornillon, dépouillé de son titre de fondateur et déclaré déchu des droits y annexés ; lesquels droits furent, sans aucune réserve, transférés au roi.

En conséquence de cette décision, qui fut plus tard confirmée par le Parlement de Paris, le monastère de Chazeaux prit le titre d’abbaye royale de Notre-Dame de Chazeaux, et le peuple, qui aime les abréviations, appela les religieuses les Chazottes.

Les trente-années qui suivent la translation du monastère furent des années de ferveur exemplaire, et lorsqu’en 1650 mourut l’abbesse Gilberte d’Amanzé de Chauffailles, elle pouvait se réjouir dans le Seigneur d’avoir fait de sa communauté une des plus régulières et des plus florissantes.