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LES BÉNÉDICTINES

Mme  Antoinette de Varennes de Nagu, prieure et maîtresse des novices en l’abbaye de Sainte-Ménéhould en Champagne, lui succéda. C’est sous son pontificat que se produisit une de ces crises comme en subissent quelquefois les communautés, et qui sont capables de les faire périr.

Les rigueurs de l’étroite observance, aggravées encore par des privations de tout genre, conséquences inévitables d’une excessive pauvreté, causaient depuis quelque temps une mortalité considérable dans le monastère. D’autre part, les jeunes filles, effrayées sans doute des austérités de la règle, ne se présentaient pas pour combler les vides opérés par la mort. La communauté était fort réduite et, ce qui était pire, elle était stationnaire. Or, en communauté, ne pas avancer, c’est reculer, c’est décroître, c’est périr.

Dans ces conjonctures difficiles, des conseillers prudents et éclairés pensèrent qu’il serait bon de revenir au régime moins rigoureux de l’observance mitigée de saint Benoît, suivie précédemment dans la communauté. La pieuse abbesse, qui ne respirait qu’immolation et sacrifice, considéra cette résolution comme une défaillance et une lâcheté, et longtemps elle s’y opposa avec toute son énergie ; de là des conflits qui n’étaient guère favorables à la paix du cloître. Elle céda néanmoins, après s’être entourée de tous les conseils les plus sages, et consentit à ce que l’affaire fût déférée à Mgr Camille de Neuville, archevêque de Lyon, lequel, après examen, rétablit (1660) les anciens usages de la mitigation, et dispensa les religieuses des austérités de la règle, à l’exception de l’abstinence du mercredi et du jeûne du vendredi. Plus tard on y ajouta le jeûne et l’abstinence pendant le temps de l’Avent. Cette réforme ne diminua en rien la ferveur des religieuses, et, bientôt, de nombreuses postulantes s’étant présentées, le monastère reprit peu à peu son niveau normal et put considérer l’avenir avec plus de sécurité. Le rapport de l’intendant Dugué, en 1668, dit que l’abbaye royale de Notre-Dame de Chazeaux, en Belle-Grève, était composée de vingt-cinq religieuses, deux novices et six sœurs converses.

Mais ce même rapport nous apprend en même temps que les