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LES ANCIENS COUVENTS DE LYON

deviendraient plus nombreuses dans une ville qui possédait déjà trois abbayes de Bénédictines ? Il devait y avoir d’autres raisons.

Nous avons déjà vu la prieure des Bénédictines de Chazeaux changer de résidence pour amener une amélioration spirituelle. Par induction, nous pensions que la prieure de Blie devait avoir eu les mêmes raisons. Rien ne nous autorisait à avoir de telles suspicions, et cependant nous ne nous trompions pas.

Le prieuré de Blie dépendait du Chapitre de Saint-Paul. En feuilletant un inventaire, nous arrivons à l’obéance de Chazay-sur-Ain, et là nous trouvons quelques pièces intéressantes.

Une des dernières prieures de Blie, Catherine de Mouxy, à diverses reprises fait entendre des plaintes au Chapitre de Saint-Paul, à propos du mauvais esprit qui existe chez ses religieuses ; le nom surtout d’une certaine Françoise de Butaud revient souvent, et si, comme on a lieu de le croire, les faits allégués sont vrais, cette religieuse est d’une violence et d’une méchanceté étranges ; elle ne craint pas de frapper ses compagnes, et de les frapper jusqu’au sang, et l’autorité est impuissante.

Voilà une première raison, et en voici une seconde. Dans la Topographie de l’Ain, M. Guignes, au mot Blie, nous apprend que les religieuses « étaient exposées aux insolences des soldats et eslognées de secours et consolation. »

Cette assertion est de tous points exacte. Nous la retrouvons dans une pièce importante du fonds de Saint-Paul. La dernière prieure de Blie fut Charlotte de Moyriac. C’est elle qui eut la première pensée de transférer le prieuré à Lyon. Elle s’adressa donc à l’archevêque, qui était alors Louis-Alphonse de Richelieu, le frère du cardinal ministre. Dans leur requête à Mgr l’archevêque de Lyon, les religieuses de Blie se disent « exposées en des périls éminents et en de grands dangers de leurs personnes et de leurs consciences, par les gens de guerre ennemis de la France, qui font des courses dans les provinces de Bresse et Bugey, y exerçant toutes les violences, ravages, insolences et cruautés qu’ils peuvent. »

Le cardinal archevêque répondit qu’il donnerait son approba-