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LES BÉNÉDICTINES

sieur Benoît. Les burettes et le petit bassin, c’est mes cousines Charrier. Le soleil vermeil doré a été fait de la vaisselle que mon neveu de Bagnols nous a donnée ; la chasuble en broderie a été faite des présents que nos sœurs de la Praye, Dussoray l’aînée et Honorat ont faits à l’église, qui est à chacune dix pistoles. Les six chandeliers et les six vases de vermeil doré, M. de Fléchères nous les a donnés. Les vases d’argent et les burettes de vermeil doré, Mme  de Saint-Pierre, avec trois chasubles et la chappe de moire d’or ; le calice de vermeil doré, je l’ai fait faire de l’argent que les religieuses m’ont donné de présent, ayant toujours tout remis à l’église. Le rétable du saint Enfant a été payé de nos plaques d’argent que j’ai vendues cinquante écus, et deux montres d’or dont « j’ai payé le ciboire, ma sœur Murad y a donné quelques pistoles. »

Sous cette naïve énumération donnée dans un style enfantin, on voit poindre l’intérêt qu’excitait la fondation nouvelle, malgré les quatre autres maisons de Bénédictines qui existaient déjà.

Cette église était petite, mais elle possédait un tableau d’autel remarquable, chef-d’œuvre de Blanchet, et représentant Saint Benoît recevant le Viatique. Quant au monastère qui, en 1684 et 1740, fut agrandi, c’était un bâtiment considérable que flanquaient deux gros pavillons. Les religieuses y furent nombreuses, et elles tinrent un pensionnat de demoiselles, comme nous le verrons.

Quelle fut la vie intérieure du couvent de Saint-Benoît après sa fondation ? Les religieuses eurent pendant longtemps la sympathie de l’autorité ecclésiastique, mais il arriva dans la suite que, dirigées par les Oratoriens, elles furent suspectes de jansénisme. L’archevêque, un jour, vint à elles et les traita durement. C’est à la suite de cette visite que fut écrite la lettre suivante ; nous la reproduisons, pour la facilité de la lecture, en écriture moderne ; elle aura en outre le mérite de nous révéler des détails intéressants :

« Monseigneur, dès la première fois que Votre Grandeur a pris la peine de nous assembler toutes, pour nous faire un discours où Elle nous assura d’être hérétiques, séparées de l’Église, dans une voie de damnation, nous en fûmes si étonnées et si affligées que nous