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LES ANCIENS COUVENTS DE LYON

ravisant, il lui parla avec tant d’éloquence et d’onction, que bientôt après elle s’enferma dans le monastère de Juilly. C’est à sainte Humbeline, disent les uns, à saint Bernard lui-même, disent les autres, que remonte la fondation des religieuses Bernardines.

La pauvreté la plus profonde, j’allais dire la misère, régnait dans ces divers ordres religieux, lorsqu’ils étaient à leur berceau. Mais peu à peu, par le travail des moines et par les bienfaits des fidèles, ils devinrent riches ; ce fut un écueil dans la suite. Le relâchement s’introduisit dans le cloître, il n’y eut bientôt plus de règle, il n’y eut que des caprices et d’inqualifiables libertés. En ce qui concerne les Bernardines, les abus allèrent loin. Mais Dieu suscita de ferventes religieuses pour faire revivre le premier esprit de Cîteaux. Il y eut néanmoins une double conduite dans ce retour : les unes embrassèrent toutes les rigueurs de la règle ; les autres, effrayées de cette grande austérité, se contentèrent d’adopter des observances qui, remplies de sagesse et de modération, les mettaient à l’abri du dérèglement et du relâchement. Les religieuses Bernardines réformées furent de ces dernières ; ce sont elles qui fondèrent à Lyon une communauté.

Or, en quelques mots, voici l’histoire de cette réforme :

À l’âge de sept ans entra, dans l’abbaye de Sainte-Catherine, de l’ordre de Cîteaux, dont l’abbesse était sa parente, Mlle  Louise de Ballon, fille d’un ambassadeur du duc de Savoie en France et en Espagne. À seize ans (1607), elle fit profession, et sa vertu était déjà notoire et vénérée. Mais cette abbaye de Sainte-Catherine se laissait doucement aller au relâchement spirituel : il n’y avait plus de clôture, et le monde et son esprit pénétraient à pleines portes dans le monastère. Saint François de Sales, proche parent de Louise de Ballon, fut prié par l’abbé de Cîteaux, dom Nicolas Boucherat, de réformer cette communauté. Qui le croirait ? Les efforts du doux évêque de Genève furent inutiles. Mais l’heure de Dieu vint à sonner, et cinq religieuses, parmi lesquelles Louise de Ballon, parlèrent quelques années plus tard à saint François de Sales de leur projet de commencer une réforme dans un autre lieu, parce qu’à Sainte-