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PRÉFACE

posséder de grandes richesses ou une considérable influence, c’est qu’après des moments, relativement courts, de ferveur et de sainteté, soient venus des moments d’atonie et de relâchement. Souvent, en effet, nous verrons que les Ordres ont eu besoin de réforme. Or, le seul fait de cette réforme indique assez qu’il y avait, même dans les mauvais jours, des âmes de bonne volonté, des âmes ardentes et désireuses d’une perfection plus grande, et c’est l’honneur de ces Ordres d’avoir écouté ces voix réformatrices. Mais il est une autre raison que l’on n’a jamais suffisamment mise en lumière : la réforme ne fut pas toujours causée par le relâchement, ou bien le relâchement ne fut pas toujours causé par le manque de ferveur. Dans presque tous les ordres religieux, la rigoureuse observance des règles a fléchi moins sous la faiblesse ou le mauvais vouloir des individus que sous la tyrannie de circonstances imprévues, fatales, qui rendaient, pour un temps plus ou moins long, la vie régulière impraticable. Au xvie siècle, ces faits douloureux s’accumulèrent. Sans parler du schisme d’Occident, la grande peste qui ravagea la France, Lyon en particulier, à diverses reprises, dépeupla les monastères et y tua en même temps l’observance. Quand, le fléau disparu, il ne se trouva, pour prendre les austères et vénérées habitudes du passé, que quelques religieux désaccoutumés, sinon désaffectionnés, de la règle, impuissants, d’ailleurs, à porter à eux seuls le fardeau de pratiques qui auparavant semblaient faciles à des hommes plus nombreux et plus robustes, il se fit, entre une faiblesse trop réelle et la lettre des règles, des compromis légitimes, nécessaires, fondés sur l’esprit même de la loi, et pourtant regrettables. Plus tard, quand la solitude des cloîtres se repeupla, le souci de reprendre dans leur intégrité les observances primitives n’y entra pas