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LES CARMES

généreuse assistance ; les savants étrangers, les prélats de passage trouvaient aux Carmes une large hospitalité. Ils accueillaient fraternellement tous les religieux de l’ordre ; ils ne refusaient jamais quelques pistoles aux étudiants en théologie qui leur dédiaient leur thèse de majeure. Grâce au soin qu’ils avaient d’envoyer chaque religieux passer quelques années à Paris pour suivre les cours de l’Université, le couvent des Carmes des Terreaux devint un véritable séminaire de docteurs de Paris qui, pendant un siècle, fournit à Lyon, des évêques suffragants. Né nous étonnons pas si nos religieux eurent une grande réputation, elle était méritée ; aussi le couvent des Grands-Carmes de Paris choisit-il plusieurs fois son prieur parmi les religieux de Lyon, et même au Chapitre tenu à Rome en 1780, un Lyonnais, le P. André Audras, fut élu supérieur général de l’ordre. Quelquefois aussi les échevins de Lyon choisirent parmi nos religieux des députés en cour, chargés de défendre devant les rois de France les privilèges des habitants de la ville. D’autres durent aller étudier les intentions et les mouvements des troupes étrangères rassemblées aux environs de Lyon, et éclairer, par cette mission diplomatique, les représentants de notre cité. L’un d’eux même fut investi, en 1501, du pouvoir de vérifier et de suspendre les procédures criminelles, ordonnées par le parlement de Grenoble, l’archevêque d’Embrun et l’évêque de Gap, contre les solitaires des vallées des Alpes, où s’étaient réfugiés, dit-on, les disciples de Valdo. Il fit preuve, à cette occasion, d’une intelligence supérieure.

Les Carmes n’échappèrent pas à la nécessité des constructions et des reconstructions. Seuls, parmi les bâtiments de la fondation, le logis des évêques, domus episcopalis, et l’église furent construits sur des plans définitifs. Le logis des évêques dura trois siècles et fut démoli lors de la reconstruction du grand bâtiment claustral, de 1754 à 1758. Il était situé au couchant du couvent et à l’est de l’ancienne rue des Auges. L’église n’eut d’abord qu’une nef et quelques chapelles, toutes élevées du côté du couvent. Mais en partie tombée en 1451, elle fut réparée et agrandie ; on adossa à la grand nef des nefs latérales, et un nouveau clocher fut élevé sur le côté gauche de l’ab-