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LES ANCIENS COUVENTS DE LYON

nelles, il demandait instamment la suppression des Célestins ; mais le supérieur général de l’ordre, instruit par quelques-uns de ses plus dignes religieux et par Mgr de Beaumont, qui les favorisait, informa Clément XIV de l’état des choses.

Le pape, en présence de ces rapports contradictoires, prit un parti mitoyen qui lui parut propre à rendre justice à tout le monde ; il chargea les évêques de France, dans les diocèses desquels se trouvaient des maisons de Célestins, d’en faire la visite et de prendre acte des abus qu’ils y découvriraient. Ces visites furent faites et généralement les rapports furent peu favorables. En conséquence, le souverain Pontife procéda à la suppression, non pas de l’Ordre, mais des maisons particulières. Celles de Metz, Sens, Ternes, Ambert, Vichy, Colombier, Esclimont, Villeneuve, Offremont, La Châtre, Rouen, Limay, Amiens, Lyon, et d’autres encore furent successivement supprimées par des brefs du pape et des lettres patentes du roi. Un arrêt du conseil d’État du 4 juillet 1778 désigna la maison de Marcoussy à ceux des Célestins qui voudraient continuer à vivre dans l’observance de leurs règles. La suppression du couvent de Lyon date de 1772.

Après cette sécularisation, l’archevêque de Lyon, Mgr Malvin de Montazet, voulut réunir les biens du monastère à ceux du clergé de son diocèse. Mais Victor-Amédée de Savoie revendiqua les biens des Célestins de Lyon donnés à telles et telles conditions par ses ancêtres. De là un grand procès, que perdit l’Archevêque, et un arrêt du 12 janvier 1784, qui remit le roi de Sardaigne en possession du couvent en litige. On rappelle à ce propos un détail qui ne manque pas de piquant. L’abbé de Périgord, depuis évêque d’Autun, écrivit alors un mémoire pour prouver que le clergé est vraiment propriétaire et que des biens ecclésiastiques ne doivent pas être abandonnés aux séculiers ; cinq ans plus tard, en 1789, dans l’assemblée constituante, l’abbé Maury soutenait cette même thèse contre l’abbé de Périgord, qui alors avait changé d’avis.

Un an après la prise de possession du duc de Savoie, l’ancienne propriété des Célestins fut aliénée à un sieur Devouge, qui acheta la