Page:Les anciens couvents de Lyon.pdf/271

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
254
LES ANCIENS COUVENTS DE LYON

telle de même couleur ; elle couvre les épaules, et se termine en pointe avec de nombreux petits plis. Un fichu noir plissé autour du cou, à la mode arlésienne, cache la taille, et par-dessus une large écharpe en soie noire entoure les reins, revient sur les bras et tombe par devant comme une large étole. Quoique noir, ce costume ne manquait pas d’élégance. Il en avait peut-être trop, car Monseigneur le cardinal Fesch, d’accord avec les mères conseillères, décida plus tard qu’on adopterait un costume plus conforme à la sainte vertu de la pauvreté. Ce fut aux vacances de l’année 1812 que la communauté en général prit le costume qu’elle porte encore aujourd’hui.

Un supérieur de Saint-Charles contribua beaucoup à l’accroissement et à l’affermissement de la double communauté. M. l’abbé Bourlier, qui était passé de Saint-Sulpice à Saint-Charles, assura des ressources au séminaire et parvint à faire doter la communauté des sœurs, c’est-à-dire, selon l’expression du temps, à assurer les maîtresses. Sur ses instances, le Bureau s’engageait à entretenir toute leur vie dans la communauté les maîtresses qui auraient passé dix ou douze ans au service des écoles. C’était d’une importance extrême : les inquiétudes de l’avenir, capables d’ébranler des vocations même solides, étaient ainsi supprimées et, partant, la communauté était affermie. C’est lui aussi qui, en 1715, fit changer les sœurs une dernière fois de local en les transférant des Cordeliers, où elles étaient, dans une maison attenante à la chapelle du séminaire de Saint-Charles, derrière Saint-Nizier : c’est là qu’elles résidèrent jusqu’à la Révolution ; ce fut leur troisième demeure.

On organisa aussi les écoles de travail, où l’on recevait les pauvres filles qui, au sortir des écoles, n’avaient pas de ressources suffisantes pour payer les frais d’un apprentissage. Cet essai avait déjà été tenté du vivant de M. Démia, mais les maîtresses étaient des personnes séculières, et leurs réunions formaient plutôt des ouvroirs que des écoles ; ce n’est que plus tard que ces dernières furent définitivement fondées. Deux sœurs y demeuraient tout le jour sans en sortir pour venir, comme les autres, dîner à la communauté. Ces écoles rendirent les plus grands services.