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LES ANCIENS COUVENTS DE LYON

Le 19 mars 1212, qui était le dimanche des Rameaux, Claire se revêtit de ses plus riches atours, et le soir elle se présentait à la Portioncule, où S. François et tous ses religieux l’attendaient un cierge à la main. Elle se dépouilla de tous ses ornements de vanité, donna ses cheveux à couper, et se laissa revêtir d’un sac serré d’une corde. Elle commençait ainsi sa vie de pauvreté et d’humiliation.

Ses parents irrités essayèrent par la violence de la ramener au foyer de la famille ; seize jours après, sa jeune sœur Agnès qu’elle aimait tendrement, se rendit auprès d’elle pour partager sa vie. La colère des parents devint de la fureur, mais Dieu, qui commande aux vents et aux tempêtes, calma ce second orage, et les deux sœurs, peu de temps après, se fixèrent à l’église de Saint-Damien, qui était la première des trois que S. François avait réparées. Ce fut là, à proprement parler, que commença l’ordre de celles qu’on appela d’abord Damianistes, et qui plus tard furent connues sous le nom de Clarisses.

La sainteté attire les âmes. Bientôt l’élève de saint François eut de nombreuses filles spirituelles, et l’on fonda de nouveaux monastères. Du vivant même de sainte Claire, la France, après l’Italie et l’Espagne, eut une maison de cet ordre : Guillaume de Joinville, archevêque de Reims, obtint de notre sainte quelques-unes de ses filles pour sa ville archiépiscopale.

Cependant S. François n’avait donné aucune règle à ces religieuses ; sainte Claire s’était contentée de faire vœu d’obéissance entre ses mains, et ce saint Fondateur s’était seulement chargé de sa conduite et de celle des autres religieuses qui vivaient avec elle dans le monastère de S. Damien, où il leur procurait aussi ce qui était nécessaire pour leur entretien.

Mais quand il y eut plusieurs maisons, il fallut bien songer à leur donner une forme de gouvernement. On fit des instances auprès de S. François pour qu’il se chargeât de ce second ordre ; il s’excusa et ne voulut s’occuper que des religieuses retirées à Saint-Damien ; les autres se conformèrent temporairement à la règle de S. Benoît et aux constitutions établies par le cardinal Hugolin, archevêque de