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L’ABBAYE D’AINAY

de Saint-Nizier, il groupa quelques fidèles auxquels il prêcha l’Évangile et montra l’image vénérée de la Mère de Dieu, qu’il avait apportée d’Orient. Cette naissante église fit des progrès ; le peuple s’en émut, les prêtres d’Auguste la calomnièrent sans pitié, la persécution fut décrétée. Saint Pothin subit le martyre de la faim, six de ses compagnons furent livrés aux bêtes, dix-huit moururent dans la prison, vingt-trois furent décapités. Leurs ossements furent brûlés et leurs cendres jetées au vent. Ces faits sont rapportés par Eusèbe, qui reproduit une longue lettre des chrétiens de Lyon et de Vienne aux chrétiens de Smyrne, rédigée probablement pair saint Irénée. Cette lettre est d’une trop grande importance et va trop directement à notre sujet pour n’être pas reproduite ici :

« Les serviteurs de Jésus-Christ, qui habitent Vienne et Lyon, villes des Gaules, aux frères d’Asie et de Phrygie qui ont la même foi et qui espèrent au même Rédempteur, paix, grâce et gloire de la part de Dieu le Père et de Jésus-Christ Notre-Seigneur.

« La violence de la persécution et la rage des Gentils contre les saints, la variété et la cruauté des supplices qu’ont supportés nos bienheureux martyrs ont été telles que nous sommes incapables de les décrire dignement. L’ennemi s’est jeté sur nous avec une violence féroce, et les préludes de sa fureur nous ont présagé tout d’abord ce que nous devions attendre des ministres qu’il avait instruits à faire la guerre aux serviteurs de Dieu. On commença par nous interdire l’entrée des maisons, des bains et du forum ; on nous traqua partout. Cependant la grâce de Dieu nous soutint : elle mit les faibles à l’abri du péril et réserva aux combats des hommes qui, par leur courage, devaient être comme autant de colonnes inébranlables. Ces généreux athlètes, en étant donc venus aux mains, souffrirent toutes sortes d’opprobres ; et des peines, qui auraient semblé à d’autres insupportables, furent regardées par eux comme légères, dans le désir qu’ils avaient de s’unir plus tôt à Jésus-Christ. Ainsi ils nous ont appris, par leur exemple, que les afflictions de cette vie n’ont aucune proportion avec la gloire qui doit un jour éclater en nous. Toutes les bruta-