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LES CLARISSES

tobre 1536. L’empereur Charles-Quint fut vivement accusé d’avoir instigué Montecuculli à cet empoisonnement, et cette accusation est répétée par la plupart des écrivains de ce temps-là. Quelques-uns prétendent que le jeune prince ne fut point empoisonné, mais qu’il mourut seulement pour avoir bu de l’eau fraîche après s’être trop échauffé à jouer à la paume ; d’autres disent que les excès auxquels il s’était abandonné à Lyon avaient seuls contribué à sa mort. À ces opinions on oppose l’aveu même que Montecuculli fit de son crime, la découverte qui fut faite chez lui de plusieurs poisons, et surtout d’un livre sur leur usage, écrit de sa propre main. Ce ne sont point là des preuves péremptoires, et même l’aveu de Montecuculli put bien lui avoir été arraché par la torture. On ne saura probablement jamais la vérité à ce sujet.

Ce jeu de paume fut changé en église en faveur des Clarisses ; on y bâtit aussi un monastère dont la première pierre fut posée par Nicolas de Neuville, marquis de Villeroy, gouverneur de Lyon, assisté de son frère l’abbé d’Ainay, qui devint l’archevêque Camille de Neuville. La supérieure du couvent prend le titre d’abbesse, et porte comme insigne de sa dignité une crosse de bois. La première fut une émigrée de Bourg, Antonia de la Motonière, qui mourut en 1625. Celles qui suivirent furent Anne Bonadies, morte en 1632 ; Marie-Élisabeth, morte en 1648 ; Laurence-Catherine Faure, morte en 1652 ; Charlotte Combet, morte en 1666. L’église était sous le vocable de sainte Claire ; elle possédait, au-dessus de l’autel, un tableau peint par Blanchet, représentant la Vierge Marie, sainte Claire et S. François. La famille de Villars avaient plusieurs tombeaux dans l’église de Sainte-Claire.

Nos archives sont très pauvres en ce qui concerne les religieuses Clarisses de Lyon. L’humilité de leur vie a dû empêcher qu’elles fussent mêlées à de grands événements. Cependant nous avons la copie d’une bulle d’Urbain VIII, par laquelle ce souverain Pontife enlève aux Frères Mineurs la direction des religieuses de Sainte-Claire de Lyon, pour la confier aux Récollets de la stricte observance. Sûrement ce changement ne se fit pas sans quelque émotion.