Grolée, petit-fils du sénéchal, eut à cœur de marcher sur les traces de son généreux aïeul, et se mit à la tête de l’entreprise. Il obtint à cet effet des sommes considérables de son seigneur naturel, Édouard, prince de Savoie, ce qui explique les armes que l’on voit aux clefs de voûte de la grande nef : les armes gironnées d’or et de gueules de huit pièces sont celles des Grolée ; la croix blanche forme les armes de Savoie. À quelques pas de la première église, que l’on conserva intacte, on jeta les fondements de l’église actuelle que l’on tourna au midi, contrairement aux usages. Commencée en 1325, elle était achevée en 1327, achevée du moins telle que la voulait Jacques de Grolée. Les murs extérieurs allaient jusqu’à la façade actuelle, mais un mur fermait l’église au septième arceau ; du septième arceau jusqu’à la façade actuelle, les murs extérieurs n’étaient que des murs d’attente qui ne devaient être employés que plus tard. La gloire de ce dernier travail était réservée au médecin de Louis XI, Simon de Pavie, en 1468, qui mourut quatre ans plus tard (1472), et qui fut inhumé dans la chapelle de l’Annonciation. Entre la grande porte et celle de la petite nef de droite et sur la paroi extérieure, on peut lire une inscription « à la louange et exaltation » de cet insigne bienfaiteur.
Ainsi prolongée, l’église des Cordeliers était vaste, et aujourd’hui, quoiqu’elle soit un peu nue, elle est très appréciée des connaisseurs. Elle fut d’abord dédiée à saint François d’Assise, mais à la canonisation de saint Bonaventure (1484), elle fut placée sous son patronage par le cardinal de Bourbon.
Les chapelles furent faites et ornées par des corporations de métiers, mais bientôt leur nombre fut insuffisant. Alors chaque pilier eut son autel, sa statue, sa bannière, sa confrérie ; au xviie siècle, il y avait trente chapelles ; celles des tourneurs sur bois dédiée à saint Claude, des bateliers à saint Nicolas, des peintres, sculpteurs, doreurs à saint Luc, des marchands à saint Hommebon, des cabaretiers à saint Antoine de Padoue, etc. Parmi les dévotions qui étaient en honneur à Saint-Bonaventure, j’en citerai deux : la dévotion à saint Antoine de Padoue, qui continue à être très florissante, et la dévo-