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LES ANCIENS COUVENTS DE LYON

prétentions ; enfin une délibération du chapitre de Saint-Irénée, lequel, sur la proposition de son prieur, Jean de Chènevoux, en 1409, statua que dorénavant il ne célébrerait plus dans la crypte, à cause de l’humidité du lieu, l’office canonial tout entier. Il se réservait toutefois d’y descendre chaque jour, après sexte, pour y chanter l’antienne et réciter l’oraison en l’honneur de saint Irénée. Les chanoines s’étaient donc astreints jusqu’alors à faire toutes leurs cérémonies religieuses près des tombeaux des martyrs.

L’église, élevée par saint Remy, possédait dans la crypte un fragment de la colonne de la Flagellation que les calvinistes briseront plus tard en morceaux, et dans l’église supérieure, une remarquable mosaïque dont Arthaud, ancien conservateur de notre musée, a donné la description, dont nous ne transcrivons que la fin :

« Au-dessous de ces figures une grande inscription, sur fond blanc, occupait huit lignes. À droite et à gauche, deux personnages la montraient du doigt. Leur costume se composait d’une tunique grise et d’une barrette rouge. »

Cette inscription a été reproduite en mosaïque au pied du grand autel de l’église actuelle de Saint-Irénée. En voici le texte et la traduction :

Ingrediens loca tam sacra, jam tua pectora tunde ;
Posce gemens veniam ; lacrymas hic cum prece funde.
Præsulis hic Irenæi turma jacet sociorum,
Quos per martyrium perduxit ad alta polorum.
Istorum numerum, si nosce cupis, tibi pando :
Hinc mulieres et pueri simul excipiuntur.
Quos tulit atra manus, nunc Christi luce fruuntur.

En entrant dans ces lieux sacrés, frappez-vous la poitrine, demandez pardon en gémissant, répandez vos larmes avec vos prières. Ici reposent les compagnons du Pontife Irénée qu’il conduisit par le martyre dans les hauteurs des cieux. Leur nombre, si vous désirez le connaître, fut de dix-neuf mille, sans compter les femmes et les enfants. Ceux qu’a enlevés la sombre mort jouissent maintenant de la lumière du Christ.