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LES ANCIENS COUVENTS DE LYON

Pour comprendre et suivre l’histoire des chanoines réguliers de la Congrégation de France ou de Sainte-Geneviève, vulgairement appelés Génovéfains, il faut remonter loin dans l’histoire.

En 1060, Anne de Russie, devenue la femme de Henri Ier et mère de Philippe Ier, rois de France, fonda l’abbaye de Saint-Vincent de Senlis, et y mit des chanoines qui vécurent de la vie commune et se rendirent célèbres par leur sainteté. Cette ferveur dura jusqu’aux guerres des Anglais ; alors le relâchement s’introduisit dans l’abbaye, et la commende acheva ce qu’avait épargné le relâchement religieux ; les désordres allèrent croissant jusqu’en 1614. À cette date, un jeune homme de vingt ans prenait l’habit religieux dans la célèbre abbaye de Saint-Vincent ; il devait être le réformateur de cette famille spirituelle en déroute. C’était le P. Charles Faure. Orphelin de bonne heure, et ayant pour la vertu les plus belles dispositions, il se voua au Seigneur. Pendant que ses frères les religieux se divertissaient, le jeune novice, enfermé dans sa cellule, se livrait à toutes les mortifications. On se moqua de lui, on le persécuta même, mais le cardinal de la Rochefoucault, évêque de Senlis, le couvrit de sa protection spéciale. Quelques-uns de ses confrères, entraînés par la force de l’exemple, cherchèrent à l’imiter, et cinq ou six morts tragiques survenues dans l’abbaye, emportant précisément les plus hostiles au jeune religieux, firent cesser toutes les oppositions et furent même les causes déterminantes d’une réforme dans cette congrégation. Lorsque les constitutions eurent été dressées, le Père Faure, devenu prêtre, fut chargé de prendre la direction des religieux. Dès lors l’abbaye de Saint-Vincent vécut dans une atmosphère de régularité et de ferveur qui lui mérita autant d’estime qu’elle s’était attiré de blâmes, hélas ! trop justifiés.

Mais voici qu’en 1619, le cardinal de la Rochefoucault fut nommé abbé de Sainte-Geneviève ; il y avait là aussi beaucoup à faire. Nous allons voir quel fut le rôle des chanoines réguliers de Senlis dans cette œuvre.

L’abbaye de Sainte-Geneviève fut fondée vers l’an 511 par