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PICPUS

cette dernière opinion, et apporte à l’appui de raisonnables témoignages. Cette appellation doit remonter jusqu’au milieu du xiiie siècle, et l’auberge de Guillot, qui se trouvait au bout du pont, au commencement de la route de Grenoble, devait occuper l’emplacement qui est aujourd’hui le commencement de la grand’rue de la Guillotière.

L’histoire de la Guillotière se lie étroitement à celle de son pont, et ce pont a été le théâtre d’événements importants, que je ne puis que signaler.

Sous la domination romaine, il y avait certainement entre les deux rives du Rhône des moyens de communication, mais il n’est pas fait mention d’un pont fixe.

Le P. Ménestrier dit que le jeune empereur Gratien fut assassiné sur le pont du Rhône par Andragathe, l’un de ses chefs, et en marge de son récit, le savant jésuite vise saint Jérôme et Prosper d’Aquitaine ; mais ni saint Jérôme ni Prosper d’Aquitaine ne disent rien de semblable.

En 1190, Philippe-Auguste et Richard Coeur-de-Lion se croisèrent et vinrent à Lyon, avant de partir pour la Terre Sainte. Ils traversèrent le pont de la Guillotière, mais à peine eurent-ils mis le pied sur le sol que le pont se rompit ; un grand nombre de personnes furent noyées. — Cet accident amena la fondation du pont actuel en 1245, attribué par les uns à saint Benezet, par les autres à Innocent IV. — Le 11 octobre 1711, une formidable bagarre se produisit sur ce pont. C’était un dimanche, une foule considérable de Lyonnais étaient allés à la campagne ; en rentrant le soir, cette foule trouva la barrière du pont fermée, et s’entassa et augmenta d’instants en instants.

En ce moment, le carrosse de Mme  de Servient, dame de la Part-Dieu, en rencontra deux autres venant de la Guillotière ; le désordre ne fit que s’accroître et il aboutit à une catastrophe. Deux cent dix-sept personnes furent étouffées sur place, et vingt et une autres, transportées à l’Hôtel-Dieu ou à leur domicile, ne tardèrent pas à mourir des suites de leurs blessures. Mme  de Servient fit dona-