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LES ANCIENS COUVENTS DE LYON

passèrent leurs droits à leurs héritiers. Survint la Révolution ; la Nation était devenue maîtresse des biens du clergé, elle acquitta les rentes par le Receveur du district de Lyon.

L’histoire du couvent de la Guillotière contient aussi une petite révolution intérieure dont je dois donner une idée : Le 15 septembre 1759, le Fr. Alexis Ruppert avait demandé d’être maintenu dans le droit et possession de porter le capuce. On acquiesça à sa demande. Les Pères virent cette faveur d’un air mécontent. De là, paroles blessantes, menaces, coups, mauvais traitements. Pour les éviter, le Fr. Alexis et le Fr. Ferréol, qui s’était adjoint à lui, s’enfuirent aux Récollets. De là, plusieurs longs procès. Après une longue procédure, Fr. Alexis se désista et rentra au couvent. Qu’advint-il dans la suite ? Sans doute on devait avoir l’œil sur lui et être peu disposé à l’indulgence ; aussi à la première faute fut-il condamné au cachot. Il faut croire que ces dissentiments intimes avaient écho au dehors, car voici une lettre d’un sieur Chirat, maître d’école à la Guillotière, adressée au Père procureur du couvent de Trévoux, qui nous met au courant de l’étrange dénoûment de cette affaire : ce Les Messieurs de l’Académie sont allés, cinquante de bande, tous armés jusqu’aux dents, ont escaladé les murs du jardin de la rue du Bourreau avec une échelle, sans aucun bruit, car qui que ce soit du couvent ne s’en est aperçu, et ils sont allés droit au cachot où le Fr. Ruppert était détenu, ils ont scié deux barreaux et l’ont tiré avec des draps, et ils ont eu bien de la peine à le sortir, car le pauvre homme prit mal au cœur quand il en fut dehors ; de là ils l’ont porté à quatre jusqu’à la traille, qu’ils ont passée entre minuit et une heure, et ils l’ont conduit dans un endroit à Lyon pour le remettre, mais il a bien de la peine à se remettre, l’on croit même qu’il en mourra. »

Les Académiciens dont il est question sont les élèves de l’École Vétérinaire, fondée par Bourgelat. Bourgelat fut l’initiateur de la science vétérinaire. Il établit d’abord une infirmerie près de son manège à Perrache, alors qu’il était directeur de l’Académie royale