Page:Les anciens couvents de Lyon.pdf/542

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
525
LES RÉCOLLETS

nationale va commencer ses persécutions en prenant des mesures vexatoires contre le clergé et les couvents. Elle confisquera leurs biens, et en même temps, pour ne pas paraître trop odieuse, elle fixera une pension annuelle pour les membres des communautés religieuses. Le Ier septembre 1790, les Récollets étaient à bout de ressources ; ils s’adressèrent à la municipalité pour en obtenir des secours. Je cite leur requête, quelque étrange qu’elle puisse paraître :

« Requête à Messieurs les Administrateurs du district.

« Supplient très humblement les Religieux Récollets du couvent de Lyon, et vous exposent que leur position et les circonstances actuelles leur donnent les plus vives alarmes sur leur subsistance, qu’ils n’ont eu jusqu’ici pour vivre que la quête et leurs services, c’est-à-dire les honoraires des messes qu’ils célèbrent dans leur église ou dans quelque autre de la ville ; que depuis quelques années ils éprouvent une diminution tous les jours plus sensible dans le produit de ces ressources ; mais que la Révolution, qui va donner à la France une régénération avantageuse, les prive presque totalement de ces ressources, ou du moins de leur produit ; qu’ils se trouvent forcés de renoncer aux quêtes de blé et autres denrées qu’ils faisaient tous les ans, environ dans ce temps, dans la Dombe, la Bresse et le Bugey, et ce par les difficultés qu’ils éprouvèrent l’an dernier, les injures et les menaces qu’ils reçurent ; qu’ils seront peut-être bientôt forcés de renoncer aux quêtes qu’ils font journellement dans la ville, par rapport aux désagréments qu’ils éprouvent de la part des citoyens, les uns trop peu à l’aise pour donner à des Religieux dont ils méconnaissent ou s’exagèrent les ressources et qu’ils croient toujours assez riches, d’autres trop malheureux par le défaut de travail et la cherté des vivres, le plus grand nombre ne donnant aux suppliants que des marques de surprise de les voir faire la quête, après que l’Assemblée nationale leur a adjugé des pensions ; quant au produit de leurs services, ils seront bientôt obligés d’abandonner celui de leur église, pour servir d’autres églises de la ville, s’ils en trouvent l’occasion, attendu qu’ils ne reçoivent pas dans la leur l’honoraire même pour deux prêtres, laquelle res-