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LES ANCIENS COUVENTS DE LYON

citer deux saints, Jean de Matha et Félix de Valois, pour faire son œuvre de charité et étonner le monde par un dévouement qu’il ne soupçonnait pas.

Jean de Matha naquit en 1160, dans le petit bourg de Faucon, en Provence. Ses parents étaient nobles et relevèrent avec une vigilance attentive. De bonne heure, du reste, l’enfant répondit par les meilleures dispositions aux soins de ses parents, en développant dans son âme le goût de la vertu, de la mortification et de la solitude. Élève de l’Université de Paris, il se fit remarquer par ses brillants succès. Docteur en théologie et aspirant de toute son âme à l’honneur du sacerdoce, il fut ordonné prêtre, et lorsque l’évêque lui imposa les mains, on vit sur sa tête une colonne de feu.

Le lendemain, comme il célébrait sa première messe dans la chapelle de l’évêque de Paris, en présence de ce pontife, des abbés de Saint-Victor et de Sainte-Geneviève, et du recteur de l’Université, eut lieu une seconde merveille. Au moment de l’élévation, un ange apparut au-dessus de l’autel ; il était vêtu d’une robe blanche avec une croix rouge et bleue sur la poitrine, il avait les mains posées sur la tête de deux captifs. Tous les assistants virent cette surnaturelle apparition. On résolut d’envoyer Jean de Matha à Rome pour en instruire le Pape ; mais le jeune prêtre, craignant de se produire, se plongea dans la solitude, auprès d’un saint ermite, Félix de Valois, qui vivait retiré dans un bois, près de Gandeleu, en Brie.

Un jour, ils aperçurent un cerf d’une grande blancheur, portant entre ses bois une croix rouge et bleue. Ce prodige rappela à Jean de Matha l’apparition de sa première messe, qu’il raconta à Félix de Valois. Il ne fut pas douteux pour nos solitaires que Dieu réclamait d’eux quelque chose de particulier. Ils partirent pour Rome.

Innocent III (1198), qui venait de monter sur le siège de Saint-Pierre, prit connaissance de leur mission, et lui-même, le jour de l’octave de sainte Agnès, il vit, au moment de l’élévation, la même apparition de l’ange à la croix rouge et bleue avec les deux captifs. Ce langage surnaturel était trop clair pour n’être pas entendu. Le