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LES ANCIENS COUVENTS DE LYON

Ces prés d’Ainay rappellent encore le souvenir de la grande famine de 1531 ; nous en parlerons dans la notice sur les Cordeliers.

L’abbaye tenait dans la ville une si grande place que bien souvent elle reçut la visite des rois et des puissants de ce monde. L’archiduc d’Autriche, Philippe le Beau, fils de l’empereur Maximilien et père de Charles-Quint, étant venu à Lyon pour y traiter avec Louis XII de la paix entre la France et l’Espagne, vint loger à l’abbaye d’Ainay, où il fut malade. François Ier descendit à Ainay en 1536 et 1542 ; la seconde fois il était accompagné de la duchesse d’Etampes. En 1548, on y vit Catherine de Médicis et Henri II, avec toute la cour ; puis Christine de France, princesse de Piémont, Louis XIII, Anne d’Autriche, le cardinal Flavio Chigi. D’Halincourt, gouverneur de Lyon, y fit un séjour prolongé.

La sécularisation, qui eut lieu en 1685, fut un coup de mort pour l’église paroissiale de Saint-Michel ; les abbés en effet, voulant augmenter leurs revenus, supprimèrent cette paroisse ; l’office curial et paroissial fut transféré à Saint-Martin d’Ainay. Le chapitre sécularisé conserva le nom d’abbaye, en souvenir de son glorieux passé. Les moines devinrent des chanoines réguliers. Le chapitre était composé d’un abbé doyen, d’un prévôt curé, de dix-neuf chanoines titulaires, de seize chanoines d’honneur, de quatre habitués et de douze enfants de chœur. Pour être reçu chanoine, il fallait faire preuve de noblesse de deux degrés du côté paternel, sans compter le récipiendaire. L’abbé Aimé Guillon de Montléon, qui fut conservateur de la bibliothèque mazarine, fit partie de cette église.

Parmi les noms des abbés séculiers, il faut retenir ceux de M. d’Haussonville de Vaubecour et de M. de Jarente qui, en 1728 et en 1772, firent ouvrir les rues qui portent leur nom pour rendre l’église et l’abbaye d’un plus facile accès.

Le prolongement par Perrache, en 1774, de la presqu’île jusque vers la Mulatière, a enlevé à Ainay ce qu’il avait de pitto-