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LE VERBE-INCARNÉ

ce ne fut qu’en 1655 que Mgr Camille de Neuville érigea la congrégation du Gourguillon en maison religieuse du Verbe-Incarné. Pendant cette longue attente, ce ne fut pour Jeanne Chezard qu’une longue suite de tribulations, de refus, d’interdictions, de calomnies. Toujours calme et confiante, elle poursuivit son œuvre, fondant à Avignon, Grenoble et Paris de nouveaux monastères. Parmi les premières religieuses, il faut citer : Catherine Fleurin, Marguerite de Jésus du Villar Gibalin, Thérèse de Jésus Gibalin, nièces toutes deux du R. P. Gibalin, jésuite, qui d’abord s’était prononcé contre cet ordre ; Marie du Saint-Esprit Nalard, Jeanne de la Passion Fiot, et Marie de Saint-Joseph Malarcher.

Pour des raisons que les supérieurs jugèrent convenables, Jeanne-Marie Chezard de Matel ne prit pas l’habit de son ordre et ne fut pas vraiment religieuse. Cette situation ne laissa pas que de lui créer des embarras, notamment à son dernier voyage à Paris, où la supérieure du monastère la chassa honteusement de la maison. Les incommodités qu’elle souffrit alors la mirent au bord du tombeau. On la ramena à son monastère ; là, elle demanda avec instance de faire ses vœux et de recevoir l’habit de son ordre, et elle mourut le 11 septembre 1670. Son corps fut ouvert après sa mort, et son cœur fut envoyé, par le ministère de l’abbé Colombet, curé de Saint-Étienne en Forez, au monastère de Lyon, qui a toujours été regardé comme la maison mère de l’ordre.

La fin de cet Institut est d’imiter plus particulièrement le Verbe Incarné, d’honorer d’un culte spécial sa divine personne et tous les mystères de sa vie, ses abaissements ineffables dans l’Incarnation, sa vie intérieure et cachée à Nazareth, les travaux de sa vie publique, les ignominies et les souffrances de sa douloureuse passion, et surtout sa vie d’immolation et d’anéantissement dans l’adorable sacrement de l’Eucharistie. Cet ordre doit encore embrasser avec un grand zèle la conversion des pécheurs, honorer le mystère de l’Immaculée Conception et se dévouer à l’éducation des jeunes personnes.

Le costume fut donné à la jeune de Matel, disent les historiens,