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LE VERBE-INCARNÉ

les couvents. Le 10 mai 1790, Claude Charmeton, Luc Candy, Louis Berthelet, officiers municipaux, se présentèrent au monastère pour lire aux religieuses le fameux décret qui les déclarait libres : toutes

déclarèrent qu’elles voulaient continuer la vie religieuse. Mais survinrent les menaces, puis les violences ; le couvent fut fermé, et les religieuses se dispersèrent.

Dans cette dispersion, quelques-unes se rendirent en Italie. L’une d’elles, la Mère du Saint-Esprit, Chinard-Durieux, eut pour directeur, à Ravenne, où elle s’était exilée, un prêtre du département de la Creuse, M. l’abbé Denis, qui avait, lui aussi, fui les jours mauvais. Bien souvent ensemble ils causèrent du Verbe-Incarné, du cher ordre qui n’existait plus, et dans ces conversations où l’ancienne religieuse faisait passer son âme, le bon prêtre apprenait à estimer et à aimer l’ordre disparu. Quand le calme revint, l’abbé Denis rentra en France et fut nommé curé d’Azerables, sa paroisse natale ; la mère du Saint-Esprit rentra dans sa famille à Lyon. Ces deux âmes se séparent, mais bientôt elles vont se rejoindre, Dieu sur elles a ses desseins.

Autour du curé d’Azerables il se rencontra de pieuses filles fort désireuses d’embrasser un état plus parfait. Les demoiselles Mollat Thérèse, Madeleine Gayant et Claire Jouannin furent les premières enrôlées par M. Denis. M. Denis leur fit faire d’abord des vœux simples, et les laissa quelques années dans cette situation modeste et calme. Mais en 1816, le nombre de ces sages personnes s’étant accru et leur ardeur grandissant, le curé d’Azerables appela près de lui la Mère du Saint-Esprit, Chinard-Durieux, qui se rendit aussitôt à cet appel. Elle forma ses nouvelles religieuses et reconstitua l’ancien Verbe-Incarné. À la nouvelle de cette renaissance, plusieurs anciennes religieuses des couvents supprimés jadis accoururent : Mme  Saint-Paul, ancienne religieuse de Lyon, qui fut élue supérieure après la Mère du Saint-Esprit ; Mme  de Quiqueran, en religion sœur Marie-Victoire Angélique, ancienne professe d’Avignon, qui enrichit la communauté d’Azerables des restes mortels de la Mère de Matel : le couvent d’Avignon les avait obtenus