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LES HÔPITAUX ET HOSPICES

qui ne se faisaient pas payer leurs services, permettait à l’Hôtel-Dieu d’employer toutes ses ressources au soulagement des misères.

Ces ressources commencèrent par être modestes, car les revenus fixes ne furent que l’œuvre du temps ; elles consistaient dans les libéralités des citoyens et pouvaient s’élever à douze ou quinze mille livres. Mais l’établissement des manufactures de soie, l’augmentation du commerce, les héritages, la donation de Mme de Servient en accrurent prodigieusement les ressources.

On recevait au Grand Hôtel-Dieu tous les malades, de tout âge, de tout pays, de quelque maladie qu’ils fussent atteints, les orphelins, les enfants trouvés ou abandonnés, les insensés, les soldats malades, blessés ou fatigués de leur route, les pauvres femmes du peuple qui n’ont pas les moyens de faire leurs couches chez elles. Chaque genre de maladie était traité dans des appartements séparés, avec une propreté et des soins peu ordinaires. On fournissait aussi, en dehors de l’Hôtel-Dieu, aux femmes pauvres et nouvellement accouchées, de l’argent pour les aider à nourrir et à faire nourrir leurs enfants pendant quinze mois, et trois fois par semaine on distribuait des remèdes gratuitement aux pauvres de la ville ou de la campagne, qui ne peuvent rester à l’hôpital. L’Hôtel-Dieu de Lyon fut sans doute un des premiers à réaliser ce qui aujourd’hui nous paraît élémentaire, mais qui fut alors considéré comme une grande amélioration, comme une sorte de conquête de l’humanité. En 1787, l’administration, voulant arriver à donner un lit séparé à chaque malade, ouvrit une souscription. En six semaines la souscription produisit 155.243 livres.

Outre toutes les différentes espèces de charité qui s’exerçaient dans l’Hôtel-Dieu, et dont le détail exact serait trop long, il tenait encore, dans le faubourg de la Guillotière, une maison appelée hôpital des Passants, où l’on donnait à souper et à coucher, pour une nuit seulement, à tous les pauvres mendiants ou étrangers qui passaient par Lyon, ou qui y arrivaient après la fermeture des portes. — de plus il contribuait à la nourriture des filles et des femmes enfermées aux Recluses.