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L’ANNONCIADE

emportée par le fléau, et, coïncidence étonnante, sa maladie commença le 4 novembre, fête de saint Charles.

Dans les mille détails qui font la vie d’une communauté, je trouve celui-ci : la supérieure ou prieure de l’Annonciade avait fait ouvrir des jours ou fenêtres sur le couvent de la Déserte, qui était contigu. L’abbesse de la Déserte réclame aussitôt et les fait fermer.

Voici un autre détail qui ne fera pas sourire nos voisins, ou plutôt nos voisines du Dauphiné. Le monastère de Lyon envoya à Grenoble une petite colonie de religieuses pour y fonder une maison. Elles y restèrent deux ans sans y recevoir aucune novice, il ne s’en présenta aucune. « L’austérité de leur vie et leur retraite faisaient peur, et l’on sait assez que les filles du Dauphiné ne pouvaient guère s’en accommoder. » Ces pauvres Annonciades grenobloises, manquant de secours et dépensant plus que leurs revenus, furent obligées de rentrer à Lyon.

Nous avons déjà entrevu que « le temporel était dans un état pitoyable ». L’histoire de ce couvent est à ce point de vue assez lamentable, il est à croire qu’un manque d’ordre était au fond ; s’il y a quelques moments de prospérité, il y a de longues années d’embarras. Pour y remédier, on eut recours à bien des expédients. Le premier et le plus blâmable fut employé par la mère Marie-Jeanne-Baptiste-Angèle qui, tout simplement, réduisit les repas de la façon la plus économique. Il fallut une visite canonique pour faire disparaître cet abus. Dans un autre moment de détresse, et le couvent, qui ne doit pas avoir plus de quarante religieuses, étant rempli, on ne trouva rien de mieux que de renvoyer à Pontarlier les trois religieuses qui étaient venues faire la fondation ; c’étaient trois places faites à de nouvelles venues et à de nouvelles dots. La clause des quatre filles ou demoiselles sans dot avait été modifiée même =du vivant de la fondatrice ; le nombre avait été réduit à une seule. L’admission de pensionnaires au Château-Gaillard était encore un expédient, et cependant la situation ne s’améliora pas, car, dans le rapport de l’intendant Dugué, en 1668,