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LES ANTONINS



LE chroniqueur Flodoard signalait, en 945, la présence d’un fléau que le peuple appelait de divers noms : mal d’enfer, feu sacré, mal des ardents, feu Saint-Antoine. On n’a jamais bien pu déterminer la nature de cette affection : les malheureux qui en étaient atteints se sentaient dévorés par un feu intérieur ; le membre attaqué devenait sec et noir comme s’il avait été brûlé, quelquefois il tombait en putréfaction, et ce supplice se terminait par la mort. Ce fléau sévit surtout pendant les onzième et douzième siècles. En 1129, dit Mézerai, il fit à Paris quatorze mille victimes.

Or, vivait, en ce temps-là, un seigneur du Dauphiné, nommé Gaston ; il n’avait qu’un fils qui tomba dangereusement malade. Ayant eu inutilement recours à tous les remèdes humains, il se tourna du côté du ciel. Il se rendit en pèlerinage à Saint-Didier-la-Mothe, petit bourg du Dauphiné, où l’on accourait en foule pour vénérer le corps du patriarche saint Antoine, apporté là de Constantinople, en 1050, par Jocelin, haut et puissant seigneur de