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LES GRANDS AUGUSTINS

fait conclure à Pierre de Savoie. Donc les Augustins ne sont venus qu’au commencement du quatorzième siècle, sur le territoire de Chenevières, au bourg de Saint-Vincent. C’était un endroit situé en dehors de la ville, par delà les fossés et la porte de la Lanterne ; un grand canal, qui allait du Rhône à la Saône, traversait les terrains occupés aujourd’hui parle Grand-Théâtre, l’hôtel de ville, la place des Terreaux, se terminait à la Feuillée et limitait la ville de ce côté-là ; ce ne fut qu’en 1628 qu’on ouvrit à travers l’enclos du monastère les rues de Saint-Augustin et de Sainte-Monique, dont les dénominations s’expliquent d’elles-mêmes. Dans ce quartier, les seigneurs de Beaujeu possédaient de grandes propriétés seigneuriales ; ils complétèrent les libéralités de l’archevêque en cédant aux religieux Augustins un emplacement considérable ; leur hôtel même, l’almanach de 1755 dit leur palais, fut aménagé pour en faire un monastère.

Ce ne fut pas sans opposition que les Augustins s’établirent sur ce territoire de Chenevières ; le couvent des Carmes était voisin, et ceux-ci ne virent pas arriver ceux-là avec plaisir. Il est triste de constater ces rivalités religieuses, mais les faiblesses de l’esprit humain se retrouvent partout. Les Carmes prétendirent qu’on ne pouvait bâtir qu’à cent quarante cannes de leur couvent. Le différend dura de longues années, il ne fut terminé qu’en 1343 ou 1345 — je trouve ces deux dates — par une transaction passée à Avignon. Les Augustins durent payer trois cents florins d’or de bon poids. Ils purent dès lors achever et agrandir leur local, avec cette réserve cependant que ce ne serait pas du côté des Carmes. Ils achetèrent dans ce but la vigne de Saint-Hippolyte, dont ils vendirent plus tard une partie à des particuliers, qui y construisirent des maisons.

La première église de cette communauté fut une chapelle de Saint-Michel, que lui céda la ville. En 1454, on bâtit une église, mais elle était petite et insuffisante ; on éleva, grâce à la munificence de Mgr François de Rohan et aux libéralités du Chapitre de Saint-Jean, une seconde église en 1506. Cette seconde église avait un caractère spécial : outre que plusieurs familles illustres y avaient leur lieu de sépulture, comme les Bonvisi, les Guinigi, les Sammi-