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LES GRANDS AUGUSTINS

des chanoines-comtes de Lyon, posa la première pierre. M. Léonard Roux en fut l’architecte, mais n’en dirigea pas l’exécution jusqu’à la fin. Il fut remplacé par un moine du couvent, le P. Joseph Janin, qui s’acquitta de sa tâche avec compétence et succès. Ce P. Janin était né à Lyon en 1715, et avait été vicaire provincial de son ordre ; il possédait à fond la connaissance de l’antiquité et les annales de notre ville ; on regrettera toujours l’histoire qu’il en avait composée, et qui s’est perdue dans nos temps de troubles. Son amour pour la science causa sa mort ; il était parvenu à se soustraire aux bourreaux pendant la Terreur ; réfugié chez un ouvrier en soie de la place des Minimes, au mois de décembre 1793, il apprit qu’un paysan avait découvert, près de Fourvière, un certain nombre de médailles d’une très belle conservation ; il ne put résister au désir de les étudier, et se rendit chez le propriétaire ; mais en chemin il fut reconnu et arrêté. Jeté sur la paille dans une chambre de l’hôtel de ville, il s’y trouva avec Delandine, qui plus tard devint bibliothécaire. Le P. Janin fut guillotiné le 15 mars 1794.

La Révolution chassa les Augustins de leur couvent, qui devint pendant le siège de Lyon une succursale de l’hôpital général pour les blessés.

Le 9 mars 1793, le jardin du couvent devint le théâtre d’une scène qui faillit devenir sanglante.

Exaspérés par les vexations de cet affreux tyran, qui s’appelait Chalier, huit cents citoyens lyonnais s’y assemblèrent pour signer une pétition adressée aux deux commissaires, Bazire et Legendre, envoyés par la Convention avec la mission apparente de calmer les Lyonnais, mais avec la mission secrète de soutenir les sans-culottes.

L’assemblée s’était formée en vertu d’une loi, portant que les citoyens avaient le droit de se réunir paisiblement et sans armes, en assemblées particulières, pour rédiger des adresses et des pétitions, sous la condition de donner avis du temps et du lieu aux officiers municipaux.

Toutes les formalités avaient été remplies, et cependant, par l’ordre secret des commissaires, deux municipaux vinrent, avec la