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PRIMAUT ET LE LARDIER DU VILAIN

danger lui avoit rendu ses forces et son agilité. Il retrouve dans le bois Renart, qui, réellement chagrin de le voir, semble l’être des épreuves que son compain vient de subir. « Allons, » dit Primaut, « le mal n’est pas aussi grand qu’il pouvoit être : je m’en suis tiré ; et si tu veux manger à ton tour, je t’apporte de la chair de vilain : il n’est rien de tel ; quant à moi, je la préfère à celle du porc. — Je pense autrement que vous, » répond Renart ; « par l’amour que je porte à mon fils Malebranche, la chair de vilain, qu’elle soit blanche ou noire, sera toujours de vilain : je n’y voudrois toucher pour rien au monde, je me croirois à jamais souillé. »


QUINZIÈME AVENTURE.

Comment Primaut fut de nouveau gabé par Renart, et comme il fut, par beau miracle, retenu sur le tombeau d’un saint martyr.



Mais, » poursuivit Renart, « je sais une chose meilleure que chair de vilain. Près de l’endroit où nous sommes, au delà de la haie qui ferme ce plessis, une longue troupe d’oies grasses pourraient être à nous, si nous le