Page:Les aventures de maître Renart et d'Ysengrin son compère, trad. Paulin, 1861.djvu/110

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
94
QUINZIÈME AVENTURE.

contre la volonté de Dieu : il te retient, prie-le de te laisser échapper. Ah ! je reconnois maintenant tes jongleries, et tu vois ce qu’il en coûte de ne pas être loup de bien. »

Cela dit, Renart s’éloigne et reprend la route de Maupertuis. Chemin faisant, il rencontre un autre oison dont il s’empare, et triomphant revient trouver Hermeline, qui ne sut, elle et ses enfants, comment assez le festoyer. Il conta plaisamment tous les tours qu’il avoit joués dans son excursion, et comment Primaut, toujours trompé, étoit enfin demeuré dans le piége. Hermeline en rit de bon cœur : elle s’intéressoit faiblement au frère d’Ysengrin, et dès qu’elle avoit retrouvé son baron et partagé son butin, elle ne voyoit plus ce qui pouvoit lui rester à desirer. Quant à Primaut, on ne sait pas bien ce qu’il devint. En fut-il quitte pour laisser en gage un de ses pieds dans le piége, ou mourut-il sous la dent des chiens qui le trouvèrent, c’est un point que l’histoire n’a pas éclairci. Seulement, depuis cette dernière et fâcheuse aventure, le livre se tait de lui et nous permet de supposer qu’il rendit l’âme sur la tombe du saint qu’il avoit eu la mauvaise pensée d’invoquer.


Le Translateur. La légende du piège dans