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RENART, TYBERT ET LES MARELLES.

et grimpe sur la croix avec elle. Ce fut l’affaire d’un instant ; vienne maintenant qui voudra, Tybert ne craint roi, ni comte ni goupil.

Renart arrivoit en effet. Son premier coup d’œil fut pour Tybert qui d’un air insouciant se détourne et, la queue dressée, lui présente nonchalamment le dos. « Eh ! je ne me trompe pas ; c’est toi, mon cher Tybert ! » L’autre revenant sur lui-même : « Oui. Et d’où viens-tu, mon petit Renart ? — Du bois voisin, mon cousin. Mais pourroit-on savoir pourquoi tu as grimpé si haut ? — Pour plus grande sûreté. — Tu as donc peur de quelqu’un ? — Mais oui. — De qui ? — De toi, par exemple. — La raison ? — La raison, c’est le friand morceau que j’ai sous la main, et que je ne me consolerois pas de perdre. — Quel est donc ce morceau friand ? Une bonne capture ? — Oui. — Laquelle ? m’est-il interdit de l’apprendre ? — Non, mais bien de la prendre : c’est une andouille. — Ah ! tu es heureux d’avoir pu trouver pareille viande. — Que t’importe, puisque tu n’en dois pas goûter ? Sans toi, nous sommes quatre au partage. — Je voudrois pourtant bien venir en cinquième. — Mon petit Renart, pour cela vous arrivez un peu bien tard. »

Renart se tait, plus irrité, plus inquiet qu’on ne sauroit dire. Il lèche ses grenons, gratte des