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RENART ET FROBERT LE GRILLON.

VINGT-CINQUIÈME AVENTURE.

Comment Renart devenu pèlerin fait rencontre de damp Frobert le grillon, lequel disoit ses heures, et comment il ne put le décider à lui donner son livre.



Le voilà donc en semblance de pèlerin, allant par monts et par vaux près de la forêt, séjour ordinaire d’Ysengrin. Un matin, il s’arrête devant un village, pénètre dans l’enclos du prêtre, et là, trouve abondance de chairs fraîches et salées. « J’ai bien fait, » se dit-il, « de venir ici : mais gardons-nous ; il y a souvent de mauvais piéges tendus. » En furetant partout avec précaution et en prêtant l’oreille, il entend quelque bruit et tremble aussitôt d’être dénoncé. C’étoit Frobert le grillon qui déclinoit gaîment sa chanson ordinaire à l’entrée du four. En apercevant Renart il se tut. « Ah ! vraiment, » dit Renart quand il le reconnut, et après avoir allongé ses pieds en avant, « il n’y a que les clercs pour bien chanter. Continuez votre psautier, damp Frobert, je veux en faire aussi mon profit. — Par Dieu ! » répond Frobert, « vous n’avez guères la mine d’un pèlerin contrit, et je serois assez curieux