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LA PAIX DE RENART ET D’YSENGRIN.

venue la noble compagnie ! » dit-il. — « C’est vous, damp Renart ! » répond le Roi qui, sachant les mésaventures d’Ysengrin, avoit peine à ne pas rire. « Je vous souhaite bonne journée et chance heureuse, pour le malin tour que vous vous disposez sans doute à jouer.

— En effet, Monseigneur, j’ai besoin de vos souhaits : depuis le point du jour je suis en chasse ; j’espérois rapporter quelque chose à l’épouse qui vient de me donner un nouvel enfant, et jusqu’à présent je n’ai rien trouvé.

— Vous êtes en chasse ? » répond le Roi d’un ton sévère, et c’est ainsi que vous faites sans nous vos affaires ?

— Sire, » repartit Renart, « par la foi que je vous dois, je sais trop bien qu’à moi ne convient de marcher de pair avec vos compagnons ordinaires, et d’espérer un regard du Roi au milieu de tant de grands personnages ! Vous devez naturellement à nous autres petits préférer les hauts barons, tels que sire Brun l’ours, Baucent le sanglier, Rooniaus le veautre, le seigneur Ysengrin et leurs pareils.

— Et voilà, » reprit le Roi, « de vos railleries ordinaires ; mais enfin, demeurez, s’il vous plaît, avec nous ; au moins aujourd’hui je vous admets à ma chasse, et nous allons